CENT QUINZE BOULEVARD SAINT-MICHEL (PARIS)

CENT QUINZE BOULEVARD SAINT-MICHEL (PARIS) : Lieu. 1927. Paris. Le 115 Bd St Michel est un restaurant universitaire géré par l'AEMNA (association des étudiants musulmans nord Africains). Cette association s’est constituée en 1927, à Paris, dans le même contexte que l’ENA (Etoile Nord Africaine). Ce fut historiquement l’un des principaux lieux de rencontres des étudiants et des mouvements nationalistes du Maghreb dans les années avant les indépendances puis des oppositions et des organisations syndicales estudiantines dans les années 1960, 70 et 80. L’AEMNA «n'est pas un parti, encore moins une branche étudiante de l’ENA (…). Elle n’est pas non plus un syndicat ou une «corpo», bien qu’elle défende les intérêts de ses adhérents, leur propose des informations (bourse, travail, logement) et des services (restauration). Elle se regarde elle-même comme une instance de solidarité naturelle fondée sur l’appartenance à une culture commune adossée à une grande civilisation, ainsi qu’à une même région, placée sous la fêlure du même colonisateur» (cf. Omar Carlier La Dynamique de l’immigration algérienne en France dans l’entre-deux-guerres. Migrance Hors série 2002). L’histoire de l’AEMNA remonte en fait à 1919 lorsque des étudiants constituent à Paris l’Amicale des Etudiants Indigènes en opposition avec l’Association Générale des Etudiants d’Algérie (AGEA) (fondée en 1883) en raison du refus de cette dernière d’intégrer en son sein les non-citoyens (ceux parmi les indigènes qui ne possédaient pas la (la nationalité) sinon (ceux qui n’étaient pas citoyens français) citoyenneté française) et les Juifs. En 1927, l’Amicale deviendra l’Association des Etudiants Musulmans d’Afrique du Nord (AEMAN), laquelle, lors de son assemblée générale en 1930 votera une motion excluant les étudiants musulmans naturalisés français (position défendue notamment par les Tunisiens et les Marocains). Mais la majorité des Algériens refusera cette décision et constituera de son côté l’Association des Etudiants Musulmans Algériens en France (AEMAF). Évidemment, il existait déjà à cette époque d’autres regroupements étudiants comme par exemple l’Association des Etudiants nord-africains, l’Amicale Franco musulmane ou encore le Cercle Nord africain. Dans le contexte de l’époque, peu à peu, les principales associations d’étudiants collaboreront avec l’Etoile Nord Africaine (ENA) qui sera un élément essentiel dans la dynamique de regroupement. D’ailleurs la plupart des dirigeants des mouvements nationalistes du Maghreb ont tous été, à un moment ou un autre, membre soit de l’AEMNA soit de l’Etoile nord-africaine (Ahmed Belafredj, Mehdi Ben Barka, Mohamed El Fassi et Mohamed Belhassen Ouezzani ou encore Chédly Kheyrallah, Habib Bourguiba, Hédi Nouira, Sliman ben Sliman, Faraht Abbas…). Le premier Congrès de l’AEMNA se tiendra à Tunis en 1931, le second en 1932 à Alger, quant au troisième qui devait se tenir au Maroc, il fut interdit par les autorités coloniales et eut lieu finalement à Paris en décembre 1933. Le quatrième Congrès s’est tenu à nouveau à Tunis en 1934, et un 5^ème congrès en 1935 à Tlemcen en Algérie. L’AEMNA, connue aussi sous le nom « 115, Boulevard Saint-michel » (voire même le 115 tout simplement) est resté longtemps un lieu de rencontre pour les mouvements étudiants du Maghreb d’autant qu’il faisait aussi office de restaurant universitaire Halal. Ce lieu a notamment été le point de rencontre des syndicats étudiants du Maghreb dans les années 60 et 70 (UGET, pour les Tunisiens, dont le congrès constitutif s’est tenu dans les locaux de l’AEMNA à Paris, UNEM pour les Marocains et UGEMA pour les Algériens).

Le contenu de ce blog a pour source le livre « L’immigration de A à Z » de Mohsen Dridi. Une publication 2007 de la FTCR. Vous pouvez vous procurer le livre (440 pages - Prix 5 € + envoie) au 23 rue du Maroc –75019 Paris. Tél : 01 40 34 18 15 – Fax : 01 40 34 18 15 -contact@citoyensdesdeuxrives.eu