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CITÉ DE TRANSIT : Terme à propos de logement. Selon la définition officielle «les cités de transit sont des ensembles d'habitations affectées au logement provisoire des familles dont l'accès en habitat définitif ne peut être envisagé sans une action socio-éducative s'exerçant au premier chef dans cet habitat provisoire». Ce sont donc des lieux d’hébergement, en principe provisoires mis en place en 1970, pour accueillir les familles qui occupaient jusque-là les bidonvilles. Ces bidonvilles ne sont pas le fruit du hasard. En effet, les immigrés venus après la seconde guerre vont d’abord s’installer dans l’ancien parc immobilier des centres-villes, plus accessible mais insalubre. Déjà au 19ème siècle (sous le Second Empire) vont se former sur l’emplacement des zones délimitant les fortifications de Paris à cette époque les premiers bidonvilles où s’installent les nombreux ouvriers, paysans expulsés de leurs terres, étrangers, marginaux exclus de Paris par la spéculation immobilière et par la politique d’urbanisation du préfet Haussmann. Ces bidonvilles seront détruits et leurs habitants repoussés au fur et à mesure que Paris s’agrandit et englobe ces zones limitrophes. Entre les deux guerres, le processus se poursuivra et souvent de manière violente. Dans les années 1960, c’est la décision de rénover ces centres-villes qui va re-jeter les occupants des logements vers les zones périphériques où se constituent de nombreux bidonvilles. Et insiste P. Weil, c’est «l’abandon des immigrés d’après guerre sur le marché du logement précaire et insalubre (qui) n’a jamais pu être rattrapé» (cf. Immigration, intégration, discriminations). Cet abandon à une période où apparaît précisément un chômage massif et durable dès 1974, mais également en raison d’une politique contradictoire marquée à la fois par des avancées tangibles et par de reculades désastreuses en matière de séjour, de nationalité qui vont être à l’origine des problèmes rencontrés par les communautés issues de l’immigration et par la société française au cours des décennies suivantes. Le souci des autorités de l’époque n’était pas uniquement d’ordre humanitaire ou social pour le relogement mais avait également d’autres motivations plus politiques et sécuritaires. Ainsi, au début des années 1960, c’est certes pour faire face à une forte demande de logement chez les travailleurs algériens qui vivaient avec leurs familles dans les bidonvilles que le gouvernement décida de lancer une vaste opération de construction de cités de transit. Mais une autre motivation était également présente : le pouvoir voulant à l’évidence éviter que ces travailleurs et leurs familles ne soient encadrés par le FLN. Ces cités de transit sont donc conçues comme des lieux de transition pour que ces familles fassent l’apprentissage du mode vie à la française. Bien que prévu depuis 1964 par la loi Debré, il faudra, malheureusement, attendre que survienne le drame d'Aubervilliers qui avait fait 5 victimes en janvier 1970 pour que la décision d'un plan de résorption des bidonvilles soit prise par le Premier ministre d'alors, Chaban-Delmas. C’est justement suite à ce drame que fut votée la loi Vivien et la mise en place du GIP (Groupement d’intervention publique pour la résorption de l’habitat insalubre). Le principe des cités de transit reposait sur l'idée que les familles immigrées ayant vécu dans les bidonvilles devaient s'adapter progressivement aux conditions de vie du pays d'accueil avant d’être relogées en HLM. L’idée des quotas (seuil de tolérance) avait aussi été introduite afin, disait-on, d’éviter les concentrations, les ghettos et donc les problèmes de cohabitation (le taux était fixé entre 15 et 20%). Conception qui avait été très critiquée à l'époque par les associations, lesquelles avaient mené un précieux travail d'enquête et de réflexion comme le document sortie en janvier 1972 sur le logement des immigrés par la CNL (Confédération nationale du logement), la CIMADE, le Comité médico-social, Logement et Promotion sociale, la FASTI, l'Union Nationale des étudiants algériens et le MRAP). Très souvent d’ailleurs, les bidonvilles ont été vidés de leurs occupants par l’intervention brutale des forces de l’ordre. Car les habitants n’admettaient pas d’être ainsi expulsés sans relogement ou lorsqu’il y a une proposition de relogement dans certains foyers ils n’acceptaient pas les conditions qui leur étaient proposées (loyer élevés, pas de droit de visiteetc.). Trois formes de cités de transit étaient alors proposées et identifiées : 1) la cité horizontale de constructions légères ou de baraquements de chantiers aménagés ; 2) la cité provisoire de 3 à 5 niveaux (comme les HLM) dont la durée de vie est d’une dizaine d’années ; 3) la cité PSR (Programme social de relogement) ou PLR (Programme à loyer réduit) devant servir environ 8 ans. La plupart des grandes villes françaises ont connu le phénomène de cités de transit. Si la résorption des bidonvilles et des taudis s’est effectuée le plus souvent de manière expéditive et les habitants expulsés manu-militari par la police, le relogement des familles dans des logements définitifs n’a pas suivi, entraînant une durée de vie des cités de transit bien au-delà de toutes les prévisions. La plupart des cités de transit (Cité Balzac Marronniers à Vitry s/s, Cité des Potagers, la cité Gutenberg, les Canibouts ou la cité André Doucet à Nanterre, Cité Le Roy des Barres et Francs-Moisins à Saint-Denis, etc.) ont eu de fait des durés de vie qui ont dépassé des décennies et ont été les lieux de galères et d’affrontements avec la police, les sociétés gestionnaires, les municipalités. À titre d'exemple la cité Gutenberg de Nanterre n'a finalement été résorbée qu'en 1985 après des mois de luttes.

 

Le contenu de ce blog a pour source le livre « L’immigration de A à Z » de Mohsen Dridi. Une publication 2007 de la FTCR. Vous pouvez vous procurer le livre (440 pages - Prix 5 € + envoie) au 23 rue du Maroc –75019 Paris. Tél : 01 40 34 18 15 – Fax : 01 40 34 18 15 -contact@citoyensdesdeuxrives.eu

Tag(s) : #Logement, #Discrimination
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